La conversation porte sur les routines et les rituels des écrivain·es. On cite Paul Auster qui s’astreignait à 8 heures d’écriture par jour. Mais Dima pense qu’il n’y a pas de règles, que ça dépend. Pour certain·es, mieux vaut écrire efficacement pendant 2 heures que de passer 8 heures à une écriture inefficace. Elle, elle fait en fonction de ce qu’elle peut faire au moment donné.
Le talent est-il développé par la régularité ?
Dima répond :
Le plus difficile est d’oser. Je peux barrer tel ou tel paragraphe. Beaucoup de gens prennent la littérature au sérieux et pensent que le 1er paragraphe doit forcément être exceptionnel. Mais il faut de la modestie. Écrire ce n’est pas se mesurer aux monstres de la littérature.
À propos de Maupassant et sa capacité à exprimer des sentiments extraordinaires avec peu de mots, Dima confirme :
Je suis une fan de Maupassant. J’aime aussi particulièrement Camus qui fait des phrases simples qu’on retient. Son écriture est sincère et modeste.
À l’objection qu’il a été accusé de faire des phrases plates elle répond :
Elles sont efficaces comme le début de l’Étranger par exemple, qui marque les esprits.
Sur son rapport à la langue française, Dima rappelle que sa langue maternelle est l’arabe. Le français, elle l’a appris à l’âge de 3 ans puis elle a fait sa scolarité dans une école bilingue. Mais par la force des choses et l’exil, elle a été rapidement immergée dans un monde francophone :
Je me sens chez moi, en français. Je suis une amoureuse de la langue française.
Elle n’écrit pas en arabe dont elle a perdu l’usage, plus exactement, l’usage de la langue littéraire qu’il faudrait continuer à pratiquer :
J’ai perdu l’arabe littéraire, mais pas le dialecte libanais.
Dans quelle langue parlez-vous à votre mère ?
(Rires)
Je parle avec elle dans un cocktail d’arabe et de français !
Votre fille aimerait-elle retourner au Liban ?
Oui, mais la situation est trop mauvaise actuellement.
Quelques indices à propos de votre troisième roman ?
Dima nous livre quelques confidences que nous garderons pour nous, dans ce cercle improbable qui s’est formé ce matin, lié par un secret commun.